Rencontre
autour des poubelles
Vous vous en êtes certainement rendu compte depuis
quelques temps, des personnes s'attroupent le soir venu, mais
également dans la journée, autour des poubelles. Peu importe leur
couleur, vertes ou bleues, ces gens se retrouvent là.
Cela pourrait
se passer chez eux bien au chaud ou même parfois à l'abri de la
pluie. Non, non, c'est dehors près des poubelles. Certaines
personnes poussent l'exercice à s'interdire de se rencontrer
elles-mêmes chez elles et réciproquement.
Pourquoi cet attroupement, pourquoi un tel
empressement de rencontre. Les sujets abordés sont-ils si
importants, si secrets qu'ils ne peuvent être, ne serait-ce,
qu'autour d'un bon verre, toujours avec modération.
Nous avons à faire à une soif d'information. C'est
assez paradoxal dans notre monde où il semble que tout est
communication à travers la radio, la télévision, internet et les
réseaux sociaux. Cette soif excessive de "connexion"
modifie profondément notre vie. Nous savons ce qui se passe à
l'autre bout du monde plus vite que l'actualité du bout de notre
rue.
Nous ne savons plus très bien où faut-il être compatissant.
Oui, on nous dicte aussi nos sentiments ou du moins nos peurs. Après
10 semaines d'alerte aux inondations, nous passons directement à
l'alerte pollution.
Aujourd'hui l'information est continue et
pléthorique. Or, pourtant, nous avons un sentiment croissant
d'abandon, de solitude et d'isolement.
Autour des poubelles, ce n'est pas que de
l'information qui est véhiculée. C'est du lien social, un peu
d'aide, un peu d'amour, un peu de colère... en d'autres termes un peu
d'humanité. Cette communication-là est vraie.
De l'information est
transmise mais aussi de réels échanges. En effet, les
interlocuteurs s'adaptent l'un à l'autre, anticipent les réactions,
essaient d'être convaincants. Rien ne peut remplacer la proximité
d'un visage, les sensations olfactives, auditives et tactiles. Sans
cela nous vivons dans l'illusion d'un échange.
Mais, il y a cette communication trompeuse, où il
n'y a ni information transparente, ni donnée claire, ni échanges.
Il y a émission d'un point de vue, exposé d'une pensée unique,
détournement de la réalité au profit de l'émetteur, oubli de
l'existence d'un récepteur. Ces émissions détiennent-elles la clé
de notre frêle bonheur ? Il y a des millions d'années que
l'homme-éponge a disparu.
Au sein de notre commune, nous avons besoin d'une
information claire, transparente et précise afin que chacun se fasse
son opinion. Nous pourrons alors communiquer.
Et autour des poubelles alors, me direz-vous, que
se passe-t-il ? C'est très simple : on communique et on en profite
pour fumer maintenant qu'il est impossible de le faire au café, au
restaurant et même chez-soi.
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